La civilisation égyptienne antique, reconnue pour ses avancées monumentales et culturelles, trouve ses racines dans des migrations et influences provenant de la Nubie et des régions nilotiques du Soudan. Cette interconnexion a façonné l’Égypte pharaonique, établissant des liens profonds entre ces civilisations africaines.
Origines Nubiennes de l’Égypte Antique
Selon Diodore de Sicile, les Éthiopiens affirment que les Égyptiens descendent d’une de leurs colonies menée en Égypte par Osiris. Ils soutiennent que le territoire égyptien était initialement submergé, et que le limon apporté par les crues du Nil, provenant d’Éthiopie, a progressivement formé les terres émergées. De plus, ils revendiquent que de nombreuses pratiques culturelles égyptiennes, telles que l’honneur rendu aux rois, les rites funéraires, la sculpture et l’écriture, trouvent leur origine chez les Éthiopiens.
Migrations et Diffusion Culturelle
Des découvertes archéologiques dans la région des Grands Lacs, datant du 10ᵉ millénaire avant notre ère, révèlent l’existence de communautés de pêcheurs utilisant des hameçons, filets, vanneries et poteries. Ces cultures se sont diffusées vers la Nubie, le Soudan, l’Égypte et le Sahara au cours du Néolithique, apportant avec elles des techniques spécifiques. Par exemple, l’utilisation de l’obsidienne pour fabriquer des instruments chirurgicaux, notamment lors de l’embaumement, est une pratique héritée de ces populations migratrices.
Les « Rekhyt » : Premiers Habitants du Nil
Les premiers habitants des rives du Nil, souvent désignés sous le nom de « Rekhyt » à l’époque dynastique, étaient principalement des pêcheurs. Leur présence est attestée bien avant l’arrivée des éleveurs et agriculteurs. Des représentations, telles que les vanneaux sculptés sur la massue du roi Scorpion, symbolisent l’importance de ces premiers habitants. La massue elle-même, outil utilisé pour assommer les grands poissons, est devenue un symbole de pouvoir dans l’Égypte pharaonique.
Changements Climatiques et Migrations
Les migrations vers l’Égypte, notamment en raison de l’assèchement progressif de certaines régions d’Afrique orientale vers 5000 avant notre ère, ont favorisé la transmission de pratiques culturelles et technologiques. Les fouilles archéologiques entre la première et la troisième cataracte du Nil ont révélé des vestiges confirmant que les pêcheurs nubiens ont introduit en Égypte diverses méthodes de pêche et modes de vie. De plus, des similitudes entre les décors des poteries de l’Égypte prédynastique et ceux des tessons néolithiques trouvés à Khartoum attestent de ces échanges culturels.
Influence Nubienne sur la Dynastie Égyptienne
L’influence nubienne sur la civilisation égyptienne ne se limite pas aux périodes préhistoriques. La XXVe dynastie égyptienne, également connue sous le nom de dynastie koushite, était d’origine nubienne. Les pharaons de cette dynastie ont joué un rôle crucial dans la renaissance culturelle et politique de l’Égypte. Des titres tels que « l’épervier de Nubie » étaient attribués aux pharaons d’Égypte et aux rois nubiens, soulignant les liens étroits entre ces deux cultures. Le « Livre des Portes », notamment dans la tombe de Séthi Ier, mentionne les « Nehesiou » (Nubio-soudanais) comme étant nés en faveur d’Horus, renforçant l’idée d’une origine commune.
Perspectives Contemporaines
Des chercheurs tels que Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga ont mis en lumière l’antériorité historique et culturelle de la Haute-Égypte par rapport au Delta, soutenant que l’origine de la civilisation égyptienne est à rechercher en Afrique, vers le Sud, et non vers le Proche-Orient asiatique. Ils soulignent que le terme égyptien désignant la royauté signifie étymologiquement « (l’homme) qui vient du Sud », renforçant l’idée d’une origine méridionale de la royauté égyptienne.
Conclusion
L’émergence de la civilisation pharaonique résulte d’un processus complexe de migrations, d’échanges culturels et d’influences mutuelles entre les populations nubiennes, soudanaises et égyptiennes. Les découvertes archéologiques et les études historiques contemporaines confirment l’importance de la Nubie et des régions nilotiques dans la genèse de l’Égypte antique, soulignant ainsi l’unité culturelle et historique de ces civilisations africaines.