Kémèt : L’Héritage Noir de l’Égypte Antique

Dans «l’Afrique dans la philosophie de Yoporeka Somet», Théophile Obenga souligne un constat essentiel : il est possible de connaître les faits historiques de l’Égypte pharaonique — ses dynasties, ses pharaons, ses batailles et constructions grandioses — sans pour autant en saisir l’essence profonde. Au-delà de cette vision historique fragmentée, il s’agit de s’interroger sur la vérité culturelle et civilisationnelle de cette société exceptionnelle : quelle était la nature du peuple de Kémèt, l’univers culturel auquel il appartenait, et quels étaient les messages philosophiques, spirituels, esthétiques, scientifiques et politiques qu’il nous a légués ?

L’Égypte Antique : Une Civilisation Noire

L’Égypte antique, ou Kémèt (qui signifie « le Pays Noir » en référence à la couleur de sa terre fertile et à celle de ses habitants), était une civilisation noire au cœur du continent africain. Ses habitants, les Kémits, bâtirent une société fondée sur une vision spirituelle et scientifique unique, bien différente des paradigmes occidentaux contemporains. Cependant, l’histoire moderne a souvent été manipulée pour détourner cet héritage, attribuant à d’autres peuples les réalisations des anciens habitants de ces terres aujourd’hui occupées par des populations sémites.

L’Élévation Spirituelle : La Clé de la Compréhension des Pyramides

Les pyramides de Kémèt, joyaux de l’architecture antique, ne peuvent être comprises par une approche purement matérialiste. Pour les anciens Kémits, l’esprit précédait la matière et en était l’essence. Cette vision spirituelle impliquait que l’esprit était le moteur des grandes réalisations, guidant et éventuellement transformant la matière. Aujourd’hui, cette conception paraît presque miraculeuse, car elle dépasse les paradigmes dominants de la science occidentale, qui considère la matière comme l’élément fondamental.

Les scientifiques contemporains, formés dans une perspective où la matière commande l’esprit, rencontrent des limites à leur compréhension des procédés technologiques de Kémèt. Ils cherchent à analyser les pyramides à travers des cadres qui ignorent la dimension spirituelle, réduisant ces monuments à des problèmes d’ingénierie classique.

Un Paradigme Technologique et Spirituel

La technologie de Kémèt était inséparable de sa spiritualité. Les anciens Kémits ne percevaient pas la science et la religion comme des sphères opposées, mais comme deux facettes d’une même réalité. Leur vision du monde était guidée par Ma’at, principe d’harmonie universelle, qui était autant un cadre éthique qu’un modèle pour leurs réalisations techniques.

Comprendre les pyramides demande une immersion dans ce paradigme unique. Il faut être prêt à abandonner les schémas matérialistes et à embrasser une vision où la matière est subordonnée à l’esprit. Ce n’est qu’à travers cette transformation que l’on peut espérer approcher les mystères de cette civilisation noire.

Une Relecture Nécessaire de l’Histoire

L’étude de Kémèt exige de dépasser les paradigmes hégémoniques qui ont longtemps dominé l’écriture de l’histoire. Les anciens Kémits ont légué un héritage qui ne peut être compris à travers une perspective eurocentrique ou matérialiste. Revaloriser cet héritage n’est pas seulement un acte historique, mais un acte de justice culturelle et spirituelle envers les peuples noirs du monde entier.

Conclusion

L’Égypte antique, ou Kémèt, représente un sommet de la civilisation noire africaine. En reconnaissant et en explorant son essence spirituelle et culturelle, nous redonnons à ce peuple sa place légitime dans l’histoire de l’humanité. Le message de Kémèt reste pertinent aujourd’hui, car il nous invite à repenser nos paradigmes et à envisager l’harmonie entre esprit et matière comme une voie vers un avenir plus éclairé.